Ouverture et limite de l'esprit (1)
A l'opposé de la censure, on peut largement trouver des débats
beaucoup plus ouverts, sans contraintes et avec une réflexion moins
obtue que celle qu'on peut trouver dans les médias actuels où la
théorie du consensus règne. Il y a évidemment beaucoup de paramètres
qui caractérisent un débat réellement ouvert : des paramètres
sociologiques et psychologiques tels que la simple écoute sans
interrompre intempestivement, mais aussi des paramètres plus
idéologiques fondés sur une réflexion à propos de la personnalité de
chacun, mais aussi le questionnement de son mode de pensée et d'action.
Mon
propos ici-même ne sera pas de justifier tel ou tel acte, ou tel ou tel
propos, de tel ou tel personnage. Il n'a absolument aucun but partisan.
Il cadrera réellement dans le débat que l'on a ouvert sur les limites
de l'esprit et l'esprit d'ouverture en approfondissant notre recherche
sur les modes de réflexion que nous devons éclairer afin de pouvoir
mieux cerner la complexité du monde et donc de nos relations sociales.
J'aimerais
donc dans ces quelques lignes essayer de montrer que mêmes des
personnages assez abjects ne sont pas toujours mauvais, peuvent
parfaitement prendre des décisions positives. Mon but ne sera pas de
les valoriser de quelque manière que ce soit, mais plutôt d'essayer
d'ouvrir le débat sur les idées d'un personnage lambda et de pouvoir en
discuter librement, sans contraintes et arrières-pensées. On pourra
ainsi approfondir la recherche en matière de faits historiques et
politiques, mais aussi du pourquoi et du comment du déroulement
d'évènements importants dans notre société.
Le premier personnage que j'aimerais prendre est Staline. Personne
ici sur ce blog ne viendra prendre fait et cause pour ce personnage,
pas même moi. Nous savons tous ce qu'il a fait, et il ne vaut pas la
peine de le répéter sur tous les toits dans le but de faire repentir
certains penseurs et activistes d'extrême-gauche.
Mais Staline,
au-delà de ses massacres, a été un homme qui a pris de bonnes
décisions, et nous savons tous qu'il a permis a l'URSS de
s'industrialiser. On me rétorquera que le prix fut lourd, mais celui-ci
aurait encore été plus lourd si cette industrialisation n'avait pas eu
lieu. En effet, les plans quinquennaux ont probablement permis à l'URSS
de développer une industrie de pointe pour l'époque, avec notamment un
renforcement de l'arsenal militaire soviétique et à la clef une
victoire contre l'Allemagne nazie. On peut évidemment discuter des
faits historiques et économiques de l'époque, mais force est de
constater que beaucoup de gens admiraient Staline pour la dynamisation
de l'économie qu'il avait impulsée. A la sortie de la guerre, 60% des
Français pensaient que c'était l'URSS qui avait gagné la guerre et non
le camp des "démocraties". Pourtant, seulement 25% des Français
votaient communistes, ce qui veut dire que 35% étaient non-communistes
mais pensaient que l'URSS avait gagné en prestige. Cela montre
inévitablement une forme d'esprit plus ouvert basé sur l'objectivité
des faits. Je me souviens que quand j'étais étudiant, mon professeur
d'histoire (certainement pas un communiste !) nous avait montré une
carte de l'Europe qui était claire à ce sujet : les "démocrates"
avançaient péniblement (et ont même failli reperdre dans les Ardennes
!) alors que les Soviétiques avaient mis en marche un
rouleau-compresseur.
On pourrait ajouter à cela une forme de génie
de la part de Staline : lorsque le 19 juillet 1941, il s'adresse à la
Nation, il prononce un discours pour mobiliser les foules contre
l'envahisseur nazi, et il ne fait plus appel à la dictature du
prolétariat, mais à la Patrie et évoque les mêmes termes utilisés
contre les armées napoléoniennes en 1812, c'est-à-dire "La Grande
Guerre Patriotique".
Rappeler ces faits ne veut pas dire qu'il faut admirer Staline. Encore une fois, ce que j'aimerais faire comprendre ici, c'est qu'une personne globalement mauvaise (et même très mauvaise) peut aussi dans certains détails (qui ont eu leur importance ici) émettre des avis ou prendre des décisions plus positives. Pourquoi rappeler cela ? Pour faire de beaux discours ? Non, je veux simplement dire qu'il est important de pouvoir discuter de tout pour mieux comprendre les faits et les histoires. Après tout, nier les réussites militaires et économiques de l'URSS, c'est nier toute une partie de l'histoire qui a eu une influence considérable sur l'histoire humaine et qui continue à avoir une influence aujourd'hui, puisque de plus en plus de Russes regrettent l'époque soviétique et en ont une certaine nostalgie. Quelle que soit notre opinion à ce sujet, il est important de comprendre ce qu'il se passe dans l'imaginaire des gens, dans ce long fleuve non-tranquille qu'est l'histoire et de ne pas se retrancher derrière de faux principes qui nous barricadent l'esprit.
Prochain personnage : Saddam Hussein