Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les limites de l'esprit
Les limites de l'esprit
Publicité
Archives
30 décembre 2006

Ouverture et limite de l'esprit (1)

A l'opposé de la censure, on peut largement trouver des débats beaucoup plus ouverts, sans contraintes et avec une réflexion moins obtue que celle qu'on peut trouver dans les médias actuels où la théorie du consensus règne. Il y a évidemment beaucoup de paramètres qui caractérisent un débat réellement ouvert : des paramètres sociologiques et psychologiques tels que la simple écoute sans interrompre intempestivement, mais aussi des paramètres plus idéologiques fondés sur une réflexion à propos de la personnalité de chacun, mais aussi le questionnement de son mode de pensée et d'action.
Mon propos ici-même ne sera pas de justifier tel ou tel acte, ou tel ou tel propos, de tel ou tel personnage. Il n'a absolument aucun but partisan. Il cadrera réellement dans le débat que l'on a ouvert sur les limites de l'esprit et l'esprit d'ouverture en approfondissant notre recherche sur les modes de réflexion que nous devons éclairer afin de pouvoir mieux cerner la complexité du monde et donc de nos relations sociales.
J'aimerais donc dans ces quelques lignes essayer de montrer que mêmes des personnages assez abjects ne sont pas toujours mauvais, peuvent parfaitement prendre des décisions positives. Mon but ne sera pas de les valoriser de quelque manière que ce soit, mais plutôt d'essayer d'ouvrir le débat sur les idées d'un personnage lambda et de pouvoir en discuter librement, sans contraintes et arrières-pensées. On pourra ainsi approfondir la recherche en matière de faits historiques et politiques, mais aussi du pourquoi et du comment du déroulement d'évènements importants dans notre société.

Le premier personnage que j'aimerais prendre est Staline. Personne ici sur ce blog ne viendra prendre fait et cause pour ce personnage, pas même moi. Nous savons tous ce qu'il a fait, et il ne vaut pas la peine de le répéter sur tous les toits dans le but de faire repentir certains penseurs et activistes d'extrême-gauche.
Mais Staline, au-delà de ses massacres, a été un homme qui a pris de bonnes décisions, et nous savons tous qu'il a permis a l'URSS de s'industrialiser. On me rétorquera que le prix fut lourd, mais celui-ci aurait encore été plus lourd si cette industrialisation n'avait pas eu lieu. En effet, les plans quinquennaux ont probablement permis à l'URSS de développer une industrie de pointe pour l'époque, avec notamment un renforcement de l'arsenal militaire soviétique et à la clef une victoire contre l'Allemagne nazie. On peut évidemment discuter des faits historiques et économiques de l'époque, mais force est de constater que beaucoup de gens admiraient Staline pour la dynamisation de l'économie qu'il avait impulsée. A la sortie de la guerre, 60% des Français pensaient que c'était l'URSS qui avait gagné la guerre et non le camp des "démocraties". Pourtant, seulement 25% des Français votaient communistes, ce qui veut dire que 35% étaient non-communistes mais pensaient que l'URSS avait gagné en prestige. Cela montre inévitablement une forme d'esprit plus ouvert basé sur l'objectivité des faits. Je me souviens que quand j'étais étudiant, mon professeur d'histoire (certainement pas un communiste !) nous avait montré une carte de l'Europe qui était claire à ce sujet : les "démocrates" avançaient péniblement (et ont même failli reperdre dans les Ardennes !) alors que les Soviétiques avaient mis en marche un rouleau-compresseur.
On pourrait ajouter à cela une forme de génie de la part de Staline : lorsque le 19 juillet 1941, il s'adresse à la Nation, il prononce un discours pour mobiliser les foules contre l'envahisseur nazi, et il ne fait plus appel à la dictature du prolétariat, mais à la Patrie et évoque les mêmes termes utilisés contre les armées napoléoniennes en 1812, c'est-à-dire "La Grande Guerre Patriotique".

Rappeler ces faits ne veut pas dire qu'il faut admirer Staline. Encore une fois, ce que j'aimerais faire comprendre ici, c'est qu'une personne globalement mauvaise (et même très mauvaise) peut aussi dans certains détails (qui ont eu leur importance ici) émettre des avis ou prendre des décisions plus positives. Pourquoi rappeler cela ? Pour faire de beaux discours ? Non, je veux simplement dire qu'il est important de pouvoir discuter de tout pour mieux comprendre les faits et les histoires. Après tout, nier les réussites militaires et économiques de l'URSS, c'est nier toute une partie de l'histoire qui a eu une influence considérable sur l'histoire humaine et qui continue à avoir une influence aujourd'hui, puisque de plus en plus de Russes regrettent l'époque soviétique et en ont une certaine nostalgie. Quelle que soit notre opinion à ce sujet, il est important de comprendre ce qu'il se passe dans l'imaginaire des gens, dans ce long fleuve non-tranquille qu'est l'histoire et de ne pas se retrancher derrière de faux principes qui nous barricadent l'esprit.

Prochain personnage : Saddam Hussein

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Je me permets aussi de rajouter une chose qui veut rester dans le même esprit d'ouverture : l'évolution de l'être humain.<br /> Je veux dire que des criminels comme ceux dont nous parlons ici n'étaient pas des criminels à la naissance, et qu'il est bon de se poser la question pourquoi ils sont devenus ainsi. Il me paraît évident que la société joue un rôle très important dans l'évolution d'un être humain. <br /> Si l'on prend par exemple le cas de Marc Dutroux, j'ai toujours étonné de voir qu'on n'a jamais cherché à savoir pourquoi cet homme était devenu ainsi. Au lieu de "simplement" condamner, pourquoi ne pas essayer de rechercher la vérité, et d'encore mieux rétablir la Justice. Cela aussi a son pesant de liberté d'expression, car en général, le consensus nous interdit d'examiner les faits qui ont conduit à de telles dérives, parce que ce serait "justifier" les actes innomables. L'ouverture d'esprit passe aussi par ça.<br /> <br /> Pour ce qui est des "avancées sans dictature stalinienne", je ne pense pas que le sujet puisse se résumer à un simple débat à "était-ce possible ou non ?". Il est fort probable que les choses aient été possibles, mais ça ne veut pas dire qu'elles étaient faciles à mettre en place, surtout dans un pays qui a longtemps vécu sous le joug tsariste et dont la révolution était menacée par les Armées Blanches. Cela complique bien les choses, et je trouve que ces paramètres tendent plutôt à comprendre la position de certains marxistes-léninistes purs et durs.
D
En effet n'oublions pas l'Homme dans cette affaire.<br /> Même si la vie, la souffrance peuvent sembler<br /> peu de choses au regard des grands projets et<br /> des actions sur le long terme.<br /> Le malheur et la douleur ne doivent pas être<br /> oubliés au moins pour le respect de ceux qui les ont vécu et aussi comme "témoins d'alerte" pour<br /> essayer de ne plus les voir se reproduire.
D
En effet n'oublions pas l'Homme dans cette affaire.<br /> Même si la vie, la souffrance peuvent sembler<br /> peu de choses au regard des grands projets et<br /> des actions sur le long terme.<br /> Le malheur et la douleur ne doivent pas être<br /> oubliés au moins pour le respect de ceux qui les ont vécu et aussi comme "témoins d'alerte" pour<br /> essayer de ne plus les voir se reproduire.
N
Pour moi et bien que j'aie souvent moi aussi été dans ce type de démarche, je voudrais quand même rajouter ceci. <br /> Dans des situations où on a manifestement un rapport de force inégal et une grande injustice, et dans la mesure bien sûr où on est certain d'être en possession d'une connaissance fiable des faits avec des preuves indiscutables, alors pour moi la véritable objectivité n'a plus de sens. En effet, elle nous conduit tout simplement à prendre de fait le parti du plus fort. Me rappelle plus qui a dit "La véritable objectivité, c'est 5 minutes pour les Juifs, 5 minutes pour Hitler". Je trouve très belle et très courageuse cette phrase, qui elle aussi sort des sentiers battus de la pensée unique. <br /> Ici pour Staline, on aurait pu aussi se poser cette question : les avancées économiques imputables au personnage auraient-elles pu se produire sans les atrocités et les abus de pouvoir qu'on connaît ? Si la réponse est "oui", alors pour moi le personnage de Staline (ainsi qu'Hitler et bien d'autres) reste indéfendable même partiellement. Par contre si vraiment la chose n'était pas réalisable à un autre tarif pour le peuple russe, alors effectivement pourquoi ne pas reconnaître à Staline sa part, même minime, de mérite... (???) <br /> <br /> Par contre (et là je profite du fait que l'on soit dans un espace d'entière liberté d'expression pour m'autoriser cette réflexion), je comprends tout à fait l'utilité de l'instauration d'une "dictature" de fait pour rétablir momentanément un équilibre rompu et dangereusement menacé. On notera d'ailleurs que la plupart des démocraties ont prévu le cas de figure dans leur Constitution (pour nous, c’est l'article 16 qui prévoit les pleins pouvoirs pour le Président de la République). Le mot "dictateur" a même pour origine le "dictator" de la Rome républicaine, à qui la loi pouvait donner les pleins pouvoirs durant... 6 mois avec le seul but de sauver Rome d'une crise aigüe (menace extérieure...). <br /> Mais la grande différence, c'est qu'une fois la situation redevenue normale, non critique, le dictator revenait lui aussi à la vie normale et à sa simple condition de citoyen. <br /> Ce que n'a pas fait Staline. <br /> <br /> Pour résumer, si on s'en tient à la stricte et froide objectivité, je suis d'accord avec la position d'El nino et suis souvent le premier à tenir ce genre de discours, bien mal compris le plus souvent. <br /> Mais le problème c'est que la froide objectivité ne suffit pas pour appréhender une réalité. Il faut aussi le faire avec le coeur et l'humanité qui nous distingue des robots, sans quoi on ne la percevra toujours que de manière partielle. Certes, les sentiments nous conduisent souvent à des débordements, mais ce sont aussi eux qui ont pu nous conduire parfois à des actes salutaires, même en politique d'ailleurs."
E
Il est provocateur dans le sens où il provoque une réflexion. Cela va à l'opposé d'autres provocateurs qui font ça uniquement pour se faire remarquer, ce qui n'est pas mon cas.<br /> <br /> Merci pour ton commentaire.
Publicité